Sans un minimum de confiance en autrui, les actes en apparence les plus simples et les plus anodins de la vie quotidienne se révèleraient vite impossibles. La question de la confiance apparaît ainsi cruciale pour les sciences sociales. Il leur faut répondre à la question de savoir à qui se fier, comment et pourquoi ? Surtout lorsque, rompant avec l'individualisme méthodologique simple ou avec le holisme, elles tentent d'adopter un questionnement interactionniste, qui fait place à la possibilité du mensonge et de la tromperie. L'outil privilégié de l'interactionnisme a été jusqu'alors la théorie des jeux. Or_ pour celle-ci, le basculement dans la confiance apparaît logiquement impossible à des " égoïstes rationnels ". Il en résulte qu'on ne saurait faire confiance à la théorie des jeux pour analyser la confiance et l'interaction. Et qu'il nous faut tenter de penser une logique du raisonnable qui ne soit pas nécessairement " rationnelle ".