Pour répondre à la question « Qu’est-ce que traduire la littérature aujourd’hui ? », nous avons
choisi de privilégier l’approche et le discours des praticiens. En ouverture du dossier, la grande
traductrice de Dante Jacqueline Risset replace l’acte de traduire dans le temps long de la mémoire
des oeuvres, tout en l’inscrivant dans le nécessaire présent de la lecture. Silvia Baron Supervielle,
poète et traductrice, nous parle de son rapport à la langue et à l’écriture, tissé des déplacements,
transferts, éloignements, rapprochements… dont témoignent sa vie et son oeuvre.
Les archives de la traductrice Claire Cayron sont utilisées pour mettre au jour son éthique de la
traduction, à partir de son travail sur l’oeuvre du Portugais Miguel Torga. La figure et le travail de
Martine Broda, traductrice de Paul Celan, sont évoqués par Christian Le Guerroué. Avec Tatiana
Kondratovitch, traductrice russe de Pierre Guyotat, ainsi qu’avec Kazuyoshi Yoshikawa, traducteur
de Proust en japonais, nous avons le point de vue de traducteurs étrangers. Enfin, Olivier Mannoni,
président de l’Association des traducteurs littéraires français (ATLF), sous la forme d’un petit
almanach des travaux et des jours, délivre son point de vue sur le métier de traducteur littéraire
aujourd’hui. En filigrane des réponses ou des perspectives proposées se dessinent les valeurs de
tolérance, d’ouverture, d’écoute de ces passeurs d’oeuvres et de langues étrangères.