Renoncer à ses mots, c'est abandonner une bonne partie de sa substance, le meilleur de soi et, peut-être, son être même. Car si la langue n'est rien en elle-même, elle est l'essentiel, par ce qu'elle représente, par ce qu'elle permet, par ce qu'elle implique. La langue française a cette particularité d'avoir apporté à beaucoup d'hommes un message de liberté, d'émancipation, d'ascension sociale. Face aux sirènes du politiquement et de l'historiquement correct, face à l'arasement des cultures nationales et à l'américanisation du monde, face
au décervelage mondialisé, il se pourrait bien que les hommes libres et qui entendent le rester,
bien au-delà du seul espace francophone, trouvent un intérêt demain à l'existence de la langue française. Défendre et promouvoir la langue et la pensée françaises, c'est tout à la fois défendre notre unité et notre identité, tout simplement notre existence en tant que nation, et permettre que s'exprime, au-delà de notre seule exception culturelle, la diversité du monde. L'enjeu n'est pas mince.