Bien souvent, les familles que nous recevons sont désorientées, angoissées, oublieuses de leur histoire et de leurs héritages, agrippées à leur quotidien. Selon leur trajectoire, elles peuvent se replier dans une auto-idéalisation, frôler l’incestuel ou s’y engager. Les modèles identificatoires, les mythes, idéaux et lois, que reconnaît et investit la famille en s’étayant sur la culture et la société, contribuent à édifier son identité. La disjonction entre les idéaux hérités et ceux de la famille signe la solution de continuité générationnelle et fait vaciller l’autorité. Les fonctions des parents et des enfants décroissent en intensité et en distinction, aliénant les capacités groupales de contenance, transformation, protection, ainsi que la dynamique des liens, qui deviennent fragiles, aléatoires et arbitraires. La démultiplication des formes familiales non traditionnelles porte des germes de désorientation, de dérive vers des impasses narcissiques. Les institutions censées remédier à la «crise de l’autorité» offrent-elles à l’ensemble familial l’écoute attentive que méritent ses problématiques singulières ?