Hölderlin, l'un des plus grands poètes de tous les temps. Presque imperceptible de son vivant, sa voix semble porter jusqu'au fond de l'avenir. " Il dresse de toutes pièces la voûte d'un ciel sans analogue au-dessus du chaos ", a pu écrire Stefan Zweig. Par son désir de s'interroger sur elle-même, par la nouveauté d'une langue en rupture avec tous les modèles, sa poésie atteint à un inquantifiable point d'équilibre où " la forme n'est que la partie la plus évidente du fond ". Pour s'approprier le réel, elle tente de rapprocher des éléments distants, épars, d'abolir le vide entre les choses, entre les choses et nous. Les apparences disjointes, heurtées, les voici plongées ensemble dans le fleuve de la langue...
Si Desnos, selon la formule d'André Breton, a joué dans le surréalisme " un rôle nécessaire, inoubliable ", sa trajectoire, sa personnalité et son œuvre débordent ce rôle. Il est ce poète admirable qui métisse la profonde mémoire de la tradition et la soif de modernité, le mythe antique et la culture populaire, le jour et la nuit, l'amour et la liberté, le pur et l'impur, le sublime et le trivial, le rêve et la cinglante lucidité du veilleur.