Ce numéro de la revue contribue par des lectures croisées (sociologiques, économiques, psychopathologiques et psychanalytiques) à éclairer ce que le libéralisme galopant de l’économie mondialisée et la technologisation des échanges entre sujets imposent aux relations interhumaines et à la construction subjective. Ces recherches sont au plus près de la clinique quotidienne de ceux qui prennent en charge la « souffrance psychique « et qui se trouvent confrontés aux modifications des symptômes actuels : présence massive du corps et des agirs, généralisation des pratiques de consommation, changement des demandes de soins soutenues par un souhait de « bien jouir « qui fait le lot des demandes psychothérapeutiques. Ces recherches avancent qu’a contrario de certaines annonces messianiques, il n’y a pas à envisager une « fin du sujet « ou une « nouvelle économie psychique «. Il s’agirait plutôt de l’apparition de nouvelles formes d’expression de la subjectivité dans des dispositifs de régulation de la jouissance dont la logique s’organise moins à partir d’un interdit venu d’une autorité extérieure que d’un impossible auquel le sujet ne cesse toujours et inéluctablement de s’affronter.
Serge Lesourd est psychanalyste, professeur de psychologie clinique et directeur de l’unité de recherche en psychologie : subjectivité, connaissances et lien social à l’université Louis Pasteur de Strasbourg.