Il est aujourd'hui beaucoup question d'épanouissement personnel, notion qui suppose un principe de développement intérieur à l'homme, comme si son épanouissement avait pour terme lui-même. Cette compréhension n'est pas sans poser certaines questions, ne serait-ce que du point de vue de l'expérience : la poursuite d'un tel épanouissement ne mène le plus souvent qu'à une certaine tristesse. Dans un tel contexte, poser la question de la maturité revient en fait à poser celle de la vocation de l'homme : à quoi - ou peut-être à qui - sommes-nous destinés ? Le terme de notre épanouissement n'est pas en nous-mêmes mais dans la vie de communion - communion avec Dieu, communion avec les hommes - pour laquelle nous avons été créés. Les chemins qui y conduisent prennent alors une tout autre ampleur, puisqu'ils nous mènent à un ailleurs, loin des recherches narcissiques. Et simultanément, ils supposent une transformation profonde de notre être dans toutes ses dimensions - corporelle, psychique, spirituelle - pour le rendre tout ouvert à la rencontre. C'est ces perspectives que ce numéro de Carmel voudrait permettre au lecteur d'approfondir, pour lui permettre d'accueillir la plénitude du salut venant du Christ.