Biographie de Gyula Krudy
Enfant naturel d'un avocat et d'une servante, les parents de Gyula Krúdy (1878-1933) ne se marieront que dix-sept ans après la naissance de leur premier fils. Krúdy publie sa première nouvelle à l'âge de quinze ans, à dix-sept ans il travaille déjà dans un journal de province et, à partir de 1896, il vit à Budapest. Il connaît rapidement le succès et gagne l'estime des milieux littéraires. Il écrit dans la plupart des grands journaux et revues de son époque comme le célèbre "Nyugat" (Occident) dont il est l'un des principaux collaborateurs dans les années 1920.
Son apparence seule a suscité une foison de légendes : "Prince de la Nuit", joueur, dandy ténébreux, coureur de jupons invétéré... Amateur de vin et fin gourmet, il aimait passer son temps dans les restaurants et les cafés, mais aussi dans les tavernes des quartiers populaires. Il a néanmoins écrit près de 90 romans, plus de 2500 nouvelles et plusieurs milliers d'articles de journaux. A l'encre mauve, seize pages chaque jour, qu'il ne corrigeait jamais.
La situation politique trouble qui a suivi la Première guerre mondiale en Hongrie et les conséquences du Traité de Trianon (1920) ont causé de graves problèmes existentiels à beaucoup de Hongrois, dont Krúdy. Dans les dernières années de sa vie, il a vécu dans une grande pauvreté puisqu'il ne pouvait pas travailler suffisamment pour gagner sa vie. Le prix Baumgarten (1930) puis, le prix Rothermere (1932) qu'il a reçu grâce à Kosztolányi, alors Président du Pen club hongrois, l'ont un peu aidé, mais il était déjà trop endetté.
Il est mort seul dans sa maison du Vieux Buda où l'électricité avait été coupée. Il avait 55 ans. Les journaux ont publié la nouvelle de sa mort sur leurs unes. A son enterrement où l'orchestre tzigane de sa ville natale a joué sa chanson préférée, une foule s'est rendue composée d'écrivains, d'éditeurs, de jockeys, d'anciennes maîtresses, de garçons de café, de filles de rue... La Hongrie officielle n'a pas souhaité de s'y faire représenter.