Revue Europe Mai 1998 N°829 : Jules Michelet (Support magnétique)

Le siècle n'avait plus que deux ans à durer, le calendrier révolutionnaire quelques années à être pratiqué, la République allait vite être escamotée par un général entreprenant. Né en 1798, Jules Michelet resta toute sa vie fidèle aux fées révolutionnaires qui se penchèrent sur son berceau, dans une ancienne église devenue bien nationale. La proximité de la Grande Révolution, le spectacle de 1830 et des luttes qui ne cessent de bousculer la société le poussent à donner à la France les livres dont elle a besoin pour prendre conscience de son passé, pour l'assumer comme destin et se réaliser. Le temps est sans doute venu de relire Michelet dans toute sa richesse et sa complexité. Il fut un grand écrivain romantique, un homme de la métaphore et de l'image en même temps que de la rigueur documentaire, un romancier du moi et du sentiment de la Nature en même temps qu'un chantre du peuple. Notre époque souffre trop du soupçon jeté envers tout enthousiasme altruiste, du refus railleur de tout discours totalisant, accusé de devenir totalitaire, du divorce qui menace entre écologie et progrès, pour ne pas s'intéresser à Michelet avec des yeux neufs.