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Aucune image ne paraît échapper à la force de la bordure, à la pression d'une limite, au geste du découpage : au cadre. Mais le pouvoir du cadre est fragile : dès que nous nous demandons " d'où vient le cadre ? ", il apparaît comme la marque d'un processus, l'aboutissement d'un choix. Le cadre n'est donc pas seulement cet objet, souvent rectangulaire, qui impose une composition ou installe les repères d'un dispositif, il témoigne aussi d'un projet visuel. En ce sens, la pensée se saisit du cadre avant de l'imposer, elle en évolue les possibilités, les variations, les modalités. L'espace s'y montre alors sous la forme d'ébauches, le point de vue cherche un axe, le bord est incertain. Aux prises avec des portions d'espace, des jeux sur la limite, le spectateur désorienté peut produire un cadre tout à la fois présupposé et évanescent. Dans ce numéro - où est traduit un texte de référence d'Edward Branigan sur la caméra comme construction du spectateur - les différents médiums du cadre, dont ceux qui s'offrent " sans cadre " (images virtuelles), sont ainsi interrogés du bord vers l'intérieur.