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Le corps traverse la pensée de Michel Foucault comme un fil rouge. Cadavre ouvert sur la table d'autopsie, masse opaque au miroir de laquelle l'homme, objet/sujet des sciences humaines, aperçoit son reflet fondateur et inquiétant. Corps morcelé du supplicié, corps "infâme" face au corps surpuissant du roi. Corps de l'ouvrier rendu docile par les techniques disciplinaires. Corps agité de la convulsionnaire, tordu de l'hystérique face aux demandes de vérité du médecin ou du confesseur. Corps du sage antique, rompu aux pratiques diététiques ou éthiques. Corps utopique, double, imaginaire. A travers cette panoplie bigarrée, la question de la vérité du corps est mise hors jeu. Il n'existe pas un concept univoque, une nature essentielle du corps. Seulement des histoires, des récits de batailles. Car si le corps est bien le lieu d'inscription du pouvoir, il en est aussi l'instance de contestation, de vérification, d'altération. Le corps fait valoir partout la résistance grimaçante et rieuse de l'immanence.
Arianna Sforzini enseigne la philosophie et co-anime le séminaire "Actualités Foucault" à l'université Paris-Est Créteil. Elle prépare une thèse de doctorat sur le rôle du théâtre dans l'oeuvre de Michel Foucault.