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Partir : une nécessité aussi irrépressible qu'irraisonnée jette le héros, un matin de novembre 1823, sur les chemins qui, d'une petite ville des bords de Loire, mènent à Paris. Depuis l'enfance, Anselme sait que les couleurs occuperont sa vie - couleurs qu'il prépare depuis trop longtemps pour un peintre de Vierges candides et de roués clandestins dont l'art ne répond plus aux besoins du temps. Il imagine, porté par les lettres de son ami Simon qui fréquente Géricault, tout un monde nouveau : pareil aux chevaux vifs et puissants si chers au maître ; bouleversant comme Le Radeau de la Méduse ; aussi troublant et provocant que le portrait de la petite Louise - le réel pris dans l'éclat et la tourmente des corps. Arrivé aux portes de la capitale, les craintes et les remords, qui n'ont cessé de sournoisement l'accompagner, s'effacent, sa décision est arrêtée. Mais l'inconnu qui l'attend au terme du voyage aura peut-être les couleurs de l'hiver. Ce récit posthume de Pierre Silvain, par la tendresse pleine d'humanité qu'il prête à ses personnages, par la saveur de son style, n'est pas sans rappeler le roman qui l'a fait connaître, Julien Letrouvé colporteur.