Le Portrait (Relié)

LE PORTRAIT est, assurément, l'un des genres les plus complexes et les plus fascinants de l'histoire de la peinture occidentale. Considéré par les humanistes comme une " chose divine ", il a stimulé l'imagination créatrice des artistes, encourageant chez les commanditaires, les modèles et les peintres eux-mêmes le désir de perpétuer par la mémoire visuelle leur souvenir. Il a, tout au long des siècles, intrigué quantité d'historiens de l'art, d'écrivains, de poètes, et attire aujourd'hui encore un très vaste public. Depuis la Renaissance italienne, il n'est, en Occident, ni siècle ni pays qui n'ait eu ses portraits et, en Europe comme outre-Atlantique, il n'existe guère de musée ou de collection particulière qui n'en expose, leur réservant souvent une place de choix. Du Moyen Age à l'ère moderne, la représentation des individus a suivi un itinéraire exceptionnellement riche d'implications sociologiques, philosophiques et psychologiques, et étroitement imbriqué avec l'histoire de la pensée et de la littérature. Suivre les péripéties du portrait occidental suppose avant tout de retracer l'évolution de la notion de mimesis, d'imitation de la réalité, et d'examiner les transformations qu'elle a subies dans le domaine du style, des idées et des thèmes choisis. Au travers de peintures italiennes, flamandes, allemandes, hollandaises, anglaises, françaises, espagnoles, ce livre illustre les aventures du portrait public et privé, et l'apparition de ses différents types : le donateur, le visage de profil, de trois quarts ou de face, le portrait en buste, de dos, en pied, le double portrait et le portrait de groupe, et aussi le portrait équestre, le portrait de cour, l'autoportrait et même le portrait " en abyme ", dissimulé dans des scènes religieuses. L'étude de ces motifs croise l'histoire du goût et du collectionnisme, du faste des cours et de la glorification officielle du pouvoir, de l'évolution des canons de la beauté féminine et de l'exaltation des vertus terrestres de l'être humain, du sentiment de la vie et de la mort, de l'idée de mémoire, de l'allégorie et du mythe, des notions d'invention et d'imitation et enfin, last but not least, de la représentation des " mouvements de l'âme " et de la physiognomonie. Les essais ici rassemblés font le point sur les recherches les plus récentes de spécialistes qui nous offrent aussi des inédits, de nouvelles attributions et des propositions iconologiques ou iconographiques. Parmi les innombrables images propres à éclairer ces problématiques, nous avons dû opérer un choix que nous espérons efficace, grâce à la collaboration de musées, de galeries et de collections du monde entier.