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Les sciences humaines et sociales sont-elles des sciences ? Si l'on prend leur prétention au sérieux, comment rendre compte de leurs gestes de connaissance effectifs sans préjuger de leur rationalité par des exigences a priori ? Peut-on en faire l'épistémologie de façon immanente, en suivant attentivement leurs opérations, et en valorisant la rigueur de leurs résultats ? Peut-on les accepter au sein de la rationalité scientifique, même si leurs méthodes sont différentes des disciplines plus exactes ? C'est à ces questions que Jean-Claude Passeron a cherché à répondre avec précision, fort de sa pratique de sociologue et de sa réflexion de théoricien obstiné. Ce livre constitue la première tentative de synthèse de son oeuvre épistémologique, qui s'étend sur plus d'un demi-siècle. Le débat sur la nature "wébérienne" ("non-poppérienne") ou non de l'espace des sciences humaines et sociales fait l'objet d'un arbitrage, à la faveur d'une reconstitution minutieuse du point de vue de Passeron, par-delà ses ambiguïtés. Apparaît ainsi la figure inédite d'une raison "au singulier" , capable, certes, de généralisation, mais toujours soucieuse de connaître les singularités culturelles dans la contingence de leur apparition et la richesse de leur contexte historique.
Ce livre constitue la première tentative de synthèse de l'oeuvre épistémologique de J. -C. Passeron. Apparaît ainsi la figure inédite d'une raison "au singulier" , capable, certes, de généralisation, mais toujours soucieuse de connaître les singularités culturelles dans la contingence de leur apparition et la richesse de leur contexte historique
Philippe Lacour est professeur au département de philosophie de l'Université de Brasilia et directeur de programme au Collège international de philosophie.