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Dans les années 1930, la notion de technocratie désigne un mouvement politique essentiellement composé d'ingénieurs, qui espèrent transformer l'organisation économique et sociale des Etats-Unis. En France à cette époque, on commence à l'employer pour désigner la nébuleuse des réformateurs d'Etat. Dans l'après Seconde Guerre mondiale, puis dans les années 1960, elle devient l'enjeu de polémiques entre savants : la seconde moitié du XXe siècle sera-t-elle dominée par les "directeurs" ? La Ve République marquera-t-elle la "fin des politiques" et le règne des hauts fonctionnaires ? Depuis, la question technocratique s'est installée dans le discours politique et journalistique où elle connaît un important succès. Grosse de ces usages historiques multiples, la notion de technocratie permet alors de réaliser un précipité d'éléments assez disparates, du poids de l'administration à un mode de gouvernement distant, en passant par les différents usages politiques de l'expertise. Plus encore, elle construit un portrait "négatif" du représentant politique, mobilisé au sein des luttes dans lesquelles sont sans cesse redéfinies les qualités requises pour l'exercice légitime du pouvoir politique. D'idéal d'organisation, la technocratie est ainsi devenue l'antithèse de la démocratie dont, comme une image incarnée du Mal en politique, elle sert en retour le culte.
Ce livre analyse tout d'abord ces usages multiples et souvent polémiques. En revenant sur les principaux espaces et moments de la formation de la figure du technocrate - du Comitee on Technocracy aux débuts de la Ve République, du concours de l'ENA aux fameux "technocrates de Bruxelles"... - les contributions réunies ici éclairent la constitution de cette importante catégorie de l'entendement et du jugement politiques. Cet ouvrage rend également compte des transformations intervenues, surtout depuis les années 1960, dans la morphologie des groupes dirigeants et les manières de faire des politiques. Les formes et la portée d'un processus de technicisation de l'action publique sont ainsi analysées dans le cas de la Commission européenne, des politiques locales, des politiques de la famille, de l'emploi, de l'environnement ou encore de la culture. Car quand bien même la technocratie revêt une dimension mythique, les usages sociaux de cette notion constituent aussi un reflet, fut-il déformé, de changements objectifs et de rapports de force. Et c'est là tout l'intérêt de ce double regard sur la question technocratique.