La politique française des transports terrestres dans les Alpes (Broché)

Le majestueux massif des Alpes, au centre du vieux continent, pose à l'Europe tout entière, mais plus encore aux pays alpins, une question très ardue en matière de transports terrestres. La concentration des flux de biens et de personnes dans un nombre limité de couloirs, de cols et de passages artificiels, d'une part, la qualité, la sensibilité et la fragilité du milieu naturel, d'autre part, exacerbent les conflits d'intérêts et de perspectives à court et à long termes, les enthousiasmes pour des projets titanesques comme les résistances à tout projet. Aussi, depuis longtemps les régions alpines attirent-elles l'attention des Etats sur la nécessité de concevoir une politique des transports qui permette le développement économique tout en protégeant l'espace montagnard contre des agressions excessives. Les réflexions engagées depuis 20 ans environ ont eu le mérite d'aboutir à un certain nombre de principes et d'intentions générales concrétisées par la Convention alpine signée le 7 novembre 1991 par les huit Etats européens alpins et ratifiée en France par la loi du 6 décembre 1995. C'est dans ce contexte, qu'évoquant le projet ferroviaire Lyon-Turin, le ministre chargé des Transports, M. Jean-Claude Gayssot, écrivait le 11 septembre 1997 à l'ingénieur général Christian Brossier, président du Comité des directeurs Transports : " Il est clair qu'un projet de cette ampleur ne peut être raisonnablement envisagé que dans le cadre d'une politique d'ensemble des transports dans les régions alpines et en particulier dans les Alpes françaises, c'est pourquoi il me paraît nécessaire que le ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement mène une réflexion approfondie sur les orientations qui pourraient être données à une telle politique... " Répondant à cette question du ministre, M. Christian Brossier, Jean-Didier Blanchet et Michel Gérard, du Conseil général des Ponts et Chaussées, proposent les linéaments d'une politique française des transports terrestres dans un vaste quadrilatère qui s'étend de la vallée du Rhône, à l'ouest, aux frontières suisse et italienne, à l'est, et du lac Léman, au nord, à la côte méditerranéenne au sud. Ce quadrilatère, qui couvre le massif alpin français et l'extrémité du sud du Jura, englobe grosso modo deux régions : Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Mais les rapporteurs abordent largement aussi, et d'entrée de jeu, des questions concernant le massif alpin dans son ensemble, donc internationales et pas seulement frontalières. Comme on le verra en effet, l'analyse des intérêts de la France ne peut absolument pas se limiter à l'hexagone. Ce fait a d'ailleurs imposé aux auteurs une démarche résolument stratégique, moins fréquemment mise en œuvre dans le domaine des transports terrestres que dans ceux du maritime et de l'aérien. Cette stratégie devrait être continûment précisée et actualisée au sein du ministère par une " mission des Alpes " dont l'action s'inscrira dans la durée. Cette formule, préconisée par les auteurs, devrait aider l'Etat à réagir, à décider et à négocier dans les meilleures conditions face à toutes les situations qui se présenteront.