Biographie de Salvatore Satta
Salvatore Satta naît à Nuoro, en Sardaigne, le 2 août 1902. Il poursuit ses études de lycée à Sassari, où il reviendra plus tard enseigner le droit à l'université ; la ville marquera durablement, ineffaçablement, sa création littéraire. C'est à Sassari, précisément, en octobre 1924, qu'il soutient sa thèse de droit sur le Sistema revocatorio fallimentare. En 1925, il est avocat dans l'étude milanaise de Marco Tullio Zanzucchi, mais tombe malade, et reste pendant deux ans au sanatorium de Merano, séjour d'où il tirera son premier roman, La veranda (1927-1928), qui ne sera publié qu'après sa mort (Adelphi, 1981 ; trad.
fr. Nino Frank, Gallimard, 1989). Il obtient en 1932 la libera dozenza, sous la direction du grand juriste que fut Giuseppe Chiovenda. Il enseignera par la suite à Camerino, Macerata et Padoue, où il succèdera à Francesco Carnelutti dans la chaire de droit processuel et civil. Il rédige de juin 1944 à avril 1945 le De profundis, analyse implacable de l'histoire italienne récente. En 1945-1946, il occupe la délicate situation de vice-recteur de l'université de Trieste.
A partir de 1948, il voyage dans beaucoup de pays, où son oeuvre de juriste reçoit un accueil marqué ; durant ces mêmes années, sa production juridique est abondante et féconde ; ses textes les plus décisifs seront repris en 1968 dans Soliloqui e colloqui di un giurista (rééd. Ilisso, 2003). Il enseignera à Rome jusqu'à sa mort, survenue le 19 avril 1975, multipliant les ouvrages juridiques qui, depuis son monumental Commentario al Codice di procedura civile e diritto processuale civile de 1939, en cinq volumes, sont restés parmi les fondements de la bibliographie scientifique des études de droit.
Il commence à écrire en octobre 1970 ce qui allait être l'un des plus grands romans du siècle écoulé, Il giorno del giudizio ; cet ouvrage, là encore, ne sera publié qu'après sa mort, en 1977 (trad. fr. Nino Frank, Le jour du jugement, Gallimard, 1981). Le roman connaîtra un vif succès. Satta fait partie de cette grande génération de juristes ou de philosophes du droit comme Calamandrei, Jemolo, Carnelutti ou Capograssi, avec lesquels il a entretenu des rapports étroits, comme en témoignent la correspondance avec Capograssi, ou la publication en 1946, dans Il Ponte, la revue fondée par Calamandrei, de deux chapitres du De profundis ; la conception capograssienne de l'individu, l'exigence éthique de son aîné, l'autorité décisive de la réalité du procès et du concept de jugement chez Capograssi l'influencent fortement.
Comme Calamandrei, quoique avec une conception de l'homme et de l'histoire très différente, mais avec la même droiture et la même discrétion humaine, Satta incarne la relation décisive et profondément réfléchie que l'Italie de ces années a su établir de façon totalement originale entre droit et littérature. Son oeuvre de juriste et d'écrivain a fait l'objet d'une littérature secondaire très fournie.
Citons notamment George Steiner, " Mille ans de solitude : sur Salvatore Satta " (1987), dans Lectures, trad. fr. Pierre-Emmanuel Dauzat, Gallimard, 2009 ; Salvatore Satta giuristascrittore, a cura di Ugo Collu, Nuoro, 1990 (abondante bibliographie) ; Vanna Gazzola Stacchini, Come in un giudizio. Vita di Salvatore Satta, Rome, 2002 ; Salvatore Satta, oltre il giudizio. Il diritto, il romanzo, la vita, à cura di Ugo Collu, Rome, 2005.