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La révolution bolchevik marque dans l'histoire de l'armée française le début d'une mutation dont les effets profonds et durables vont au cours de l'entre-deux-guerres influencer la pensée militaire, peser dans les choix stratégiques du haut commandement et sur les relations entre l'institution militaire et le pouvoir politique. Si l'Etat soviétique est tenu jusqu'en 1939 comme un facteur international marginal, l'implantation du mouvement communiste en France pose d'emblée la question majeure de la tenue du front intérieur en temps de guerre, une véritable rupture conceptuelle qui initie le processus complexe de construction d'un ennemi global : d'une part, avec la redéfinition de l'ennemi intérieur en raison de la vocation mondiale du bolchevisme et de la subordination du PCF à Moscou ; d'autre part, parce que le risque révolutionnaire est désormais évalué en regard de la menace allemande qui reste le problème militaire central. Toutefois, si la dialectique guerre-révolution est une variable qui compte dans l'évaluation des risques de conflit et participe d'une tendance à la politisation de l'institution militaire, l'anticommunisme au sein de l'armée est d'intensité variable et ses motivations peuvent être très différentes. Aussi, la dangerosité de l'ennemi intérieur est source de divergences sur sa portée pour la défense nationale et la sécurité de l'Etat. La profondeur de ces fractures et leurs effets tendent à s'accroître au fil du temps, parce qu'elles touchent aux fondements de l'institution militaire. En effet, le communisme est pour l'armée à la fois un problème stratégique, surtout corrélé à la question allemande, un enjeu politique essentiel, centré sur le maintien de l'ordre, et le révélateur discret de l'affirmation de deux cultures politiques sous-jacentes porteuses de conceptions antagoniques de l'identité nationale.