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Le 28 mars 1772, je vis, pour la première fois, et fis connaissance avec M. Rousseau, de Genève. Il me dit avoir soixante ans, étant né en 1712. Je le trouvai ne paraissant pas son âge, des yeux vifs, une belle physionomie, et annonçant le cœur et la candeur. Son seul soin était d'être dégoûté des hommes, ainsi que d'écrire, vraisemblablement par beaucoup de vanité cachée, qui lui faisait dire qu'il ne pouvait plus ni penser, ni s'attacher. Voltaire, parisien, à sa terre près Genève, exilé de Paris, qui avait alors soixante-dix-huit ans, cultivait ses choux et écrivait des sottises, parce que son médecin lui disait qu'il fallait faire de l'exercice et se tenir l'esprit gai. M. Rousseau de Genève, à un sixième étage, à Paris, chassé de Genève, à qui je dis ce trait, me répartit : "Il n'écrit des gaietés que parce qu'il a l'esprit triste, et il ne fronde que parce qu'il craint !"