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Entre 1715 et 1815, les habitants des régions frontalières ont franchi, quotidiennement régulièrement les limites des Etats. Que ce soit pendant la période de stabilisation du XVIIIe siècle ou pendant le bouleversement de la Révolution et de l'Empire, les frontières n'ont jamais été des barrières étanches. L'approche historique de la frontière par l'angle de la criminalité a suscité les travaux de chercheurs de diverses régions frontalières française et belges, invités par l'Université d'Artois pour une table ronde le 3 mars 1999. Leurs communications, réunies ici, mettent en scène une population de fraudeurs occasionnels ou professionnels, contrebandiers, déserteurs, bandits de tout acabit qui jouent continuellement de la porosité frontalière. Ils interrogent aussi les interventions des Etats pour combattre ces franchissements délictueux, et les débuts des collaborations transfrontalières policières et judiciaires. Ce livre pose la question de l'acceptation de la frontière, des stratégies élaborées par les habitants qui vivent aux marges des Etats pour refuser, contourner ou récupérer à leur profit cette contrainte nouvelle. A l'heure où l'effacement des frontières nationales dans les processus de mondialisation en cours alimente parfois nostalgies et inquiétudes, le passé évoqué ici rappelle que les phénomènes frontaliers peuvent aussi être générateurs de désordres.