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Avec son réseau tentaculaire d'abonnés, son ubuesque président à vie, manipulant avec de grosses ficelles des légions d'agents subalternes et de détracteurs cooptés, Yann Toma a su faire de Ouest-Lumière une fiction heuristique. Heuristique, car à cette fiction d'entreprise réticulaire, indéfinissable, néolibérale correspond une réalité économique : la colonisation du monde vécu par le capital, rendue possible par le biais de la généralisation du travail immatériel, dont l'artiste incarne l'idéal type. Entreprise immatérielle, Ouest-Lumière est emblématique de ces métamorphoses de l'économie fordiste fondée sur la productions d'objets, se substitue une rationalité post-fordiste dont le fondement devient la production d'objets consommateurs d'objets. Les " dispositifs de subjectivation " dont parle Deleuze, que le monde de l'art contemporain, dans un mélange de candeur et de cynisme propre à lui, s'emploie à son insu peut-être, rarement à son corps défendant, à mettre à la disposition des industries de l'immatériel, se voient à Ouest-Lumière, mis en évidence pour ce qu'ils sont : des dispositifs de production de nouveaux secteurs d'accumulation capitaliste. Telle est la dimension politique de l'entreprise fictionnelle de Yann Toma : c'est aussi son abyssale ambivalence/ D'où la question : faut-il abolir Ouest-Lumière ? Stephen Wright.