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M. immobile devant cette eau. Son regard, à cet instant, posé sur la surface chatoyante, luisant comme elle (peut-être de larmes ?) sans qu'aucun vent ne se lève, devant l'eau du nuage, de l'herbe, des pierres.
S'il y a des corps qui ne pensent pas, - je veux dire : des présences plates, la sienne est sans cesse habitée. Au bord de ce lac, ce matin, par M., en elle, je ressens la présence des disparus auxquels je songe le plus souvent. Leurs figures. Leurs attitudes. Les gestes. Et jusqu'à l'inflexion de leur voix. Est-ce aussi pour cela que M. m'attire ? Me fondre dans son esprit, avec les anges des morts et des vivants qui reviennent en elle...
Je me souviens de son silence ce matin-là, et de l'absence de tout geste. Elle, si faite pour le mouvement, et maintenant très immobile, parce qu'elle est dans son élément : l'au-delà dans l'instant, ses morts, leur vie en elle, l'eau, l'air. Comme si la sérénité lui était donnée avec le lieu, le paysage, - ou plutôt restituée, car elle l'avait peut-être au fond d'elle (bue en elle, absorbée ?) cette paix que je n'ai pas sue voir, ni capter, dans la buée de ses yeux.
" Ces événements surgissent dans ma mémoire avec netteté, en même temps une sorte de buée les entoure, de lumière poudroyante, de clarté brumeuse, comme si j'étais déjà mort et que m'apparaissaient des formes nettes, sur le devant de la caverne, ou de la tombe, et que je les captais comme des fantômes encore si désirables du monde vivant. "