A l'ombre des jeunes filles en fleurs

Proust est aujourd'hui au sommet de la littérature française. Qui l'aurait dit en 1919 ? Quand paraît A l'ombre des jeunes filles en fleurs, son auteur est tenu pour un dandy. Nul ne soupçonne alors qu'il est en train de composer une oeuvre qui n'eut jamais d'exemple : le tableau romanesque d'une époque, doublé de la prodigieuse introspection d'un coeur. Et pourtant, en deux livres, il donne naissance à un univers et des personnages que l'on n'oubliera plus.
Le lecteur suit le narrateur, acharné à percer le secret d'un Swann ou d'une Oriane de Guermantes. Comme lui, il éprouve le sentiment du temps qui passe et altère sans cesse la perception du monde et des êtres. Au lendemain de l'attribution du prix Goncourt, Le Figaro, dont Proust fut un collaborateur, écrivait : "L'Académie Goncourt a préféré cette belle oeuvre de maturité aux oeuvres de jeunesse qui s'offraient à elle.
C'est donc qu'il fallait que cette oeuvre-là fût couronnée". Un siècle après sa parution, ce jugement est intact.