On meurt davantage de nos angoisses de mort que de la mort elle-même. Du fait d'un événement douloureux, d'un décès, d'une crise, de la fin de la vie professionnelle, de la retraite, ces angoisses réapparaissent et se multiplient. Elles sont enracinées dans des deuils ancestraux qui n'ont pas été réglés ou qui sont restés en chantier. Approfondir ses deuils, c'est gagner en apaisement, en sérénité, en lucidité et en ouverture vers l'immensité. Cela passe par un voyage archéologique à travers les nombreux couloirs de nos mémoires, en remontant le temps, en constituant des récits pour ceux qui sont morts - nous les nommons "les mourants" -, en se connectant avec eux, en marchant sur leurs pas pour les faire exister et rétablir une continuité. Ainsi, leur absence devient-elle présence. Chemin faisant, on peut se reconstruire et trouver l'opportunité de changer son rapport à sa propre mort. Tous ces "mourants" ont emporté, certes, des morceaux de nous, mais ils nous donnent en permanence quelque chose qui répare les parties dérobées. Ce voyage procure non seulement du bonheur, mais une plénitude, qui génère un sentiment d'infini.