L'Enchanteur et nous

Un jour de juin 1978, Nils Söderhamn fait irruption dans la vie de François-Régis Bastide. Avec sa formidable santé de Viking sexagénaire, ce député social-démocrate au Parlement suédois est un fascinant personnage auquel on ne résiste pas. Ancien ministre, ex-ambassadeur à Paris, c'est aussi un passionné de littérature française, un fervent musicien, et un visionnaire qui entend dicter au narrateur, choisi tout exprès, une sorte de livre-testament.
Il a vite fait de convaincre, et presque d'enlever Bastide, embarqué malgré lui pour le plus étrange des voyages. Epreuve, enchantement, initiation, il y aura de tout un peu, au cours de ces trois mois passés à Yxsund, l'une des 24 238 îles de l'archipel suédois, où Nils règne sur trois maisons, trois femmes, un frère adoptif et un mystérieux Bunker, qui est peut-être un peu plus qu'un abri antiatomique, si proche des côtes polonaises.
Entre Kerstin, sereine pianiste, sa fille Sheena, l'ardente, la comédienne - l'une fut l'épouse de Nils, l'autre l'est encore -, et la toute jeune, la toute blonde Lily, la fille de Sheena, dont Nils est fou sans se l'avouer, le Français doit résister à des tentations permanentes, favorisées par ce huis clos sur la Baltique, où chacun peu à peu révèle sa vérité, dans la tension singulière d'une énigme à découvrir.
Roman des équivoques et des profondeurs, l'Enchanteur et nous est un concerto bergmanien qu'aurait orchestré Schubert, où l'auteur, mieux que jamais, confond en virtuose le réel et la vie rêvée, pour atteindre les passions et les certitudes. La gravité s'y fait tendresse, l'amour y est musique, charme, espoir, et l'écrivain mène le jeu, avec la diabolique innocence d'un talent maîtrisé jusqu'à sa perfection.