Relisant cette histoire, je m'aperçois que son narrateur, qui ne laisse pourtant rien ignorer de lui-même, a oublié de se donner un nom. À quoi tient... > Lire la suite
Relisant cette histoire, je m'aperçois que son narrateur, qui ne laisse pourtant rien ignorer de lui-même, a oublié de se donner un nom. À quoi tient cet oubli ? La pension de famille, c'est la propriété des Glycines, quelque part en Béarn. Elle appartient aux Agel, une dynastie bourgeoise, complètement ruinée, que le dernier rejeton mâle, Pierre, entreprend de rétablir. Tous les moyens lui sont bons : escroqueries, chantages graveleux et, la guerre venue, collaboration avec l'occupant. Les deux héros de cette histoire trop réelle - Pierre et le narrateur - vont et viennent avec une espèce d'indifférence amusée, sinon désespérée. Elle leur permet aussi bien de risquer leur vie pour leurs semblables, que de se livrer à de lucratives ignominies. Pension de famille éclaire d'un jour cru une période que trop d'historiens doctrinaires ont arrangée à leur gré. Pierre Agel et son ami sans nom n'aiment, au fond, que l'inaccessible. Si leur regard surprend, c'est qu'il n'est pas truqué. J. R.