Le veilleur d'Empire

Il est né une nuit où la chouette chantait et, jusqu'à sa guérison au temple gallo-romain d'Apollon-Blénos, il fuira la lumière qui lui blesse les yeux. De cette enfance en pays de Rouergue, le fils du potier Oclatos conservera les qualités attachées à son nom : la clairvoyance, le goût de l'épargne, et cette vision nocturne qui fera de l'esclave fugitif d'Arles, le volontaire permanent aux gardes de nuit, le secrétaire particulier du futur empereur Julien l'Apostolat, le conducteur de caravanes dans les déserts d'Orient, le promeneur nocturne d'Antioche et d'Alexandrie.
Sur les chemins de Perse ou les océans de l'Inde, sa course se guide sur les étoiles. Mais les astres qui ont illuminé sa vie, ont décliné et pâli : il perdra l'amour d'une infidèle et l'amitié d'un prince trop tôt disparu. Il est parti soldat des armées de Rome et l'Empire, soudain, a disparu. Aux campagnes du soldat, ont succédé les errances du voyageur, les doutes du philosophe et les abîmes de l'amour.
Il va sur les routes à l'abandon, à travers les ruines des villes déchues dont on abat les derniers temples. Les Barbares approchent. Une grande nuit tombe sur le monde. Telle la chouette des nuits rutènes, Oclatos veille dans les ténèbres.