Le royaume d'Arabie saoudite à l'épreuve des temps modernes - Un homme providentiel : Fayçal

Résurgence de la civilisation du désert, le Royaume d'Arabie Saoudite, créé en 1927 par un chef exceptionnel, s'édifie à contre-courant de son époque et maintient intégralement des structures politiques et sociales fondées sur la loi islamique et la primauté de l'élément nomade. La découverte de ses colossales richesses pétrolières en fait néanmoins, à partir de 1952, un objet de convoitise pour les régimes révolutionnaires qui se substituent aux anciennes aristocraties du Proche-Orient. Il a la chance de trouver parmi les héritiers d'Ibn Séoud un autre homme providentiel qui relève le défi de l'Islam révolutionnaire.
De 1962 à 1967 Fayçal tient tête à Nasser tout en amorçant le développement économique et l'évolution sociale de son pays. L'écroulement du « Raïs » puis le quadruplement du prix du pétrole confèrent à l'Arabie un poids inattendu et hissent son souverain au premier rang des chefs d'État arabes. Poursuivant la politique de Fayçal, le roi Khaled son successeur et le prince héritier Fahd en accentuent la dimension mondiale et accélèrent l'industrialisation du royaume grâce à d'immenses ressources financières.
Les Al Saoud assument désormais un rôle de premier plan tant dans l'équilibre économique mondial que dans les crises qui agitent le Proche-Orient et le continent africain, où ils se sont donné pour mission de combattre le communisme. En même temps le traditionnel équilibre démographique et social du pays est profondément remis en cause par l'irruption de la richesse, l'urbanisation accélérée des nomades, l'immigration étrangère et l'émergence de nouvelles élites.
Le royaume ne peut cependant concevoir d'évolution institutionnelle qu'en conformité avec l'Islam qui régit son existence. L'épreuve des temps modernes est sans doute, pour la dynastie des Al Saoud, la plus difficile qu'elle ait eu à affronter. De son issue dépendent non seulement son avenir mais par contrecoup le nôtre. Observateurs particulièrement qualifiés du monde arabe, J.-L. Soulié et L.
Champenois ont bien connu l'Arabie Saoudite à un moment critique de son histoire. Fascinés par ce pays insolite et par la personnalité exceptionnelle de son chef l'émir Fayçal, ils publient en 1966, sous les auspices de la Fondation nationale des sciences politiques, Le Royaume d'Arabie Saoudite face à l'Islam révolutionnaire, aujourd'hui épuisé. Depuis, ils ont suivi les étapes de l'ascension de cette nouvelle puissance, observé l'évolution de ses structures sous la pression du monde moderne, et approfondi leur réflexion sur les courants idéologiques qui divisent l'Islam contemporain.