Selon Valérie Stiénon, chargée de recherches du FNRS à l'Université de Liège et chercheur invité à Columbia University (ses recherches postdoctorales... > Lire la suite
Selon Valérie Stiénon, chargée de recherches du FNRS à l'Université de Liège et chercheur invité à Columbia University (ses recherches postdoctorales portent sur le récit d'anticipation dystopique dans le domaine francophone à l'époque moderne), « La Mort de la Terre (1910) de Rosny Aîné développe une réflexion d'ensemble sur la place de l'homme dans le cosmos et apporte une révision de la perspective anthropocentrique. Le récit ose la disparition complète de l'espèce humaine, étape finale d'un déclin qui intervient sur le très long terme après les « premiers siècles de l'ère radioactive ». [...] Déjà, la menace écologique est expérimentée sous la forme de la sécheresse, des tremblements de terre et de la raréfaction de l'atmosphère. La question démographique n'est pas en reste : pour faire face à une surpopulation ayant atteint les vingt-trois milliards d'individus, des lois strictes sont édictées pour les unions et les naissances, avant l'instauration de l'euthanasie destinée à réduire l'excédent humain que les réserves en nourriture ne suffiront pas à alimenter. La préoccupation pour les ressources énergétiques et leur gaspillage est elle aussi traitée, sur le mode du reproche adressé aux générations antérieures : « Cette masse disposait d'énergies démesurées. Elle les tirait des proto-atomes (comme nous le faisons encore, quoique imparfaitement, nous-mêmes) et ne s'inquiétait guère de la fuite des eaux, tellement elle avait perfectionné les artifices de la culture et de la nutrition. Même, elle se flattait de vivre prochainement de produits organiques élaborés par les chimistes. »
Bref, plus qu'un ouvrage d'anticipation, mais une réelle Dystopie de fin du monde invitant le lecteur à une vision quasi prophétique, ou en tout cas extrêmement lucide, sur les préoccupations de notre monde actuel.