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C'est en présence des dirigeants hongrois - encore communistes - qu'étaient donnés, le 2 mai 1989, les premiers coups de cisailles dans le rideau de fer, dont l'onde de choc aura raison du mur de Berlin. C'est que la perestroïka à la hongroise avait commencé un an plus tôt, avec le « départ » de Janos Kadar et la fin du Kadarisme, dont Thomas Schreiber retrace l'histoire depuis l'insurrection de 1956. Au sein de cette période, l'introduction - dès 1968 - de la réforme économique la plus radicale d'Europe de l'Est, aura jeté les bases des contradictions à venir, et permis à la Hongrie de se doter des structures et des hommes capables de la conduire vers l'économie de marché, vers l'Europe. La transition s'est faite sans heurts entre les anciens Communistes reconvertis dans les sociétés de conseil ou les entreprises, et une nouvelle classe politique. Sans heurts, mais non sans paradoxes. Thomas Schreiber a, au cours des derniers mois, rencontré de nombreux acteurs de l'histoire hongroise passée et présente. Il trace un portrait du pays qui s'inquiète des turbulences à ses frontières, où la police nouvelle recrute, où les services secrets jouent à la maison de verre, mais où aussi, deux ans après les premières élections libres, l'indifférence gagne une population en but aux difficultés économiques. Le petit pays, à la forte diaspora, ne serait-il pas, aujourd'hui comme hier, le « modèle » de l'évolution qui attend l'« autre » Europe ? Renvoyant dos à dos le pessimisme des « myopes » rencontrés à Budapest, et l'optimisme des analystes occidentaux « presbytes », l'auteur porte un diagnostic sans complaisance sur les chances de la nouvelle République hongroise.