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Si le public du vingt-et-unième siècle ne reconnaît plus Fantômas que sous le masque de latex bleu du fantoche des films d'André Hunebelle dans les années 1960, cette postérité dissimule la portée mythologique de cet antihéros sanguinaire de la littérature populaire, né à la Belle Époque, de l'imagination fertile de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Incarnation des peurs sécuritaires, l'« Insaisissable » vole et tue en toute impunité. Dès 1913, la silhouette noire de Fantômas envahit les salles obscures et l'imaginaire d'artistes comme Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars ou Max Jacob. Mais ce sont surtout les surréalistes qui instituent Fantômas en mythe moderne, leur ouvrant les portes d'un monde chthonien régénérateur. En 1975, Julio Cortázar renoue avec cette dimension révolutionnaire et engage Fantômas dans une lutte contre les régimes dictatoriaux d'Amérique latine. Notre étude vise ainsi à suivre le parcours polymorphe, tant au cinéma qu'en littérature et en peinture, de ce mythe moderne qui traversa tout le vingtième siècle et séduisit, par son énergie libératrice, les esprits d'avant-garde.