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Le livre le moins conformiste de l'année. Alors qu'il ne se passe pas de semaine sans que l'on accuse les Français d'être les champions du monde de la consommation d'alcool, cet Éloge de l'ivresse tombe comme un pavé dans la mare... aux grenouilles. Car l'auteur ne se contente pas de nier l'efficacité et la bonne foi d'une alcoolophobie devenue traditionnelle. Sans méconnaître - pour les avoir lui-même testés d'amusante façon - les risques de l'alcool, il rappelle que celui-ci est néanmoins né avec l'Homo Sapiens, l'accompagne depuis toujours dans sa longue marche, et lui a souvent permis de triompher des épreuves en lui rendant son courage, en lui maintenant son espoir, en entretenant sa joie de vivre et en inspirant son génie. Pourquoi, dans ces conditions, s'obstiner à en faire le bouc émissaire de tous nos maux ? Si l'Humanité est gravement menacée, aujourd'hui, ne serait-ce pas plus sûrement par d'autres dangers dont on parle moins, parce que personne n'est encore capable de prévoir quels seront leurs effets dans dix ou vingt ans ?... Aussi bien n'est-ce pas l'alcool en lui-même qui intéresse Gabriel Domenech, et son pamphlet, au bout du compte, est surtout le cri de révolte d'un citoyen refusant de voir sacrifier, chaque jour un peu plus, les droits imprescriptibles de la personne humaine à ceux, très discutables en revanche, d'une société robotisée à l'initiative d'idéologues sans âme. Et plus qu'à célébrer l'ivresse qui réjouit les sens, c'est à celle qui exalte l'amour de la liberté que cet éloge est consacré.