Ceux de Bizerte

« Une telle authenticité, des détails tellement précis, qu'on est bien obligé de se demander s'il ne s'agirait pas là d'une biographie pure et simple, ayant subi seulement quelques modifications pour des raisons que l'on comprendra. Le fait même que Ray Vanderson ait attendu une vingtaine d'années avant d'en autoriser la publication peut laisser penser qu'il a volontairement patienté tout ce temps par crainte de représailles, dans le cas où certains acteurs de cette grandiose odyssée criminelle dont il a été involontairement le témoin, et même un peu le complice, seraient encore de ce monde.
Si Vanderson est un romancier, il est alors un grand romancier. Ne serait-ce qu'à cause de son imagination luxuriante, son expérience de la chose humaine, son froid cynisme, son humour en flamme de punch et son ironie pleine de philosophie. L'ouvrage commence comme un roman humoristique. Puis le sérieux de l'affaire se dessine, l'art du suspense est très habilement ménagé, et le lecteur subtil pressent que le drame est dans l'air, qu'il peut surgir au tournant de chaque feuille.
Ce dosage savant de tragique et de comique, utile générateur d'équilibre, permet de supporter les passages les plus audacieusement cruels, les plus épouvantablement choquants. De plus, il y a dans ce livre peu banal un gag magistral qui pourrait bien faire un film d'action assez extraordinaire. » Cornelius Kahn