Cent ans d'aliénation

Vingt-cinq ans après les indépendances africaines, alors que de nouvelles oositions politiques et de nouvelles stratégies économiques s'affirment de plus en plus, l'Afrique connaît encore les problèmes typiques du sous-développement : désagrégation de l'agriculture traditionnelle, sécheresse, famine, inadaptation des institutions étatiques, crise des différents modèles de développement et échec des idéologies qui révéraient ces modèles.
Pour comprendre le drame actuel du continent africain, il faut renouer avec une réflexion sur l'histoire des processus politiques. Il y a cent ans, à Berlin, en 1885, l'Afrique a été dépecée. La colonisation française s'est efforcée de promouvoir diverses méthodes d'assimilation, tandis que la colonisation britannique privilégiait le gouvernement indirect des colonies. Au terme de la longue résistance contre la colonisation, les indépendances ne seront que des transitions qui permettront la prise du pouvoir par des forces et des appareils qui continuent, aujourd'hui, à nier la nécessité d'une réflexion sur les maux radicaux qui asservissent et appauvrissent l'Afrique.
Que dire? Que faire? Nul projet ne sera légitime en Afrique s'il ne va pas préalablement à la rencontre du savoir-faire et du savoir-dire du paysan. Nulle politique ne pourra durer si elle ne met pas à jour jes besoins fondamentaux des hommes et si elle ne favorise pas l'émergence de nouveaux rapports entre l'économie et la politique, entre l'État et, la société et entre l'Afrique et le reste du monde.