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Le 2 mars 1647, Mazarin tait représenter au Palais-Royal, devant Anne d'Autriche et ses enfants, le premier opéra joué en France : Orfeo, de Luigi Rossi, dans la réalisation scénique de Torelli. Tout est inédit : une troupe d'italiens dans laquelle figurent des castrats, une machinerie qui permet des changements de décors et procure une illusion scénique inconnue jusqu'alors. Pour aboutir à ce résultat, que d'efforts ont été nécessaires : construire un théâtre dans le Palais-Royal, lui assurer un accès, faire actionner la machinerie complexe... En suivant la représentation acte par acte, Christian Dupavillon fait mesurer le choc culturel que représente pour les Français un tel événement : la langue (l'italien), le chant (des castrats !), les attitudes, l'interprétation, tout étonne le public de courtisans. Il éclaire aussi la fonction politique d'une telle opération : en important à Paris le type de spectacle qu'il a goûté à Rome, Mazarin impose à la cour de France sa marque d'italianité. Un an plus tard, c'est la Fronde. Quelques années plus tard, Louis XIV saura se souvenir, en dansant devant la cour et en construisant Versailles, de quelle force peut être le spectacle pour illustrer le pouvoir. L'histoire du théâtre, de l'architecture, de l'opéra se mêle à la politique culturelle et illustre une confrontation artistique féconde. En une des " journées qui ont fait la France ", on tient un condensé d'un fait majeur, appelé à une longue postérité.
Architecte, Christian Dupavillon a été directeur du Patrimoine au ministère de la culture de 1990 à 1993. Il a publié des ouvrages sur l'architecture et le théâtre.