Menu
Mon panier

En cours de chargement...

Recherche avancée

Gloire et misère de l'image après Jésus-Christ (Relié)

1e édition

  • Conférence

  • Paru le : 10/09/2020
La prolifération des images a pris, au cours du XXe siècle, des proportions extravagantes. Pour le dire comme Günther Anders : " Auparavant, il y avait... > Lire la suite
  • Plus d'un million de livres disponibles
  • Retrait gratuit en magasin
  • Livraison à domicile sous 24h/48h*
    * si livre disponible en stock, livraison payante
25,00 €
Actuellement indisponible
  • ou
La prolifération des images a pris, au cours du XXe siècle, des proportions extravagantes. Pour le dire comme Günther Anders : " Auparavant, il y avait des images dans le monde, aujourd'hui il y a "le monde en images", plus exactement le monde comme image, comme mur d'images qui capte sans cesse le regard, l'occupe sans interruption et recouvre sans interruption le monde. " D'une part, ce règne des images et son corollaire, le désintérêt à l'égard du monde tel qu'il nous est donné, est aux antipodes de l'enseignement biblique, depuis le Pentateuque et les Prophètes jusqu'aux Evangiles et aux épîtres de Paul.
Le christianisme a certes promu l'image, mais pas n'importe quelles images : les conciles ont condamné " les peintures qui charment la vue et corrompent l'esprit, et allument les flammes des désirs impurs ", et s'ils ont recommandé les images, c'est en tant que celles-ci s'accordent à la prédication évangélique et servent à confirmer l'Incarnation, réelle et non fictive, du verbe de Dieu dans la personne du Christ.
Autant dire que le déluge d'images qui s'abat aujourd'hui sur le monde n'a rien de chrétien. D'autre part cependant, pareil déluge n'aurait pu advenir sans le statut accordé par le christianisme à l'image, sans l'enjeu dont il l'a lestée. Conjoncture étrange, dont seule une enquête généalogique est à même de dégager les traits, de révéler les tenants et les aboutissants. Le propos de cet ouvrage est, en mettant au jour certains fils enterrés, de comprendre comment a pu s'effectuer le passage entre l'image chrétienne et le raz-de-marée imagier contemporain.
Une enquête historique, philosophique, théologique est donc nécessaire. Les hommes qui au VIIIe siècle, en Orient, se sont durement affrontés sur la question des images, n'étaient pas des insensés, mais des personnes plus au fait que nous de la puissance des images et des enjeux qui leur sont attachés. Voilà pourquoi les arguments échangés lors de cette querelle, ainsi que la théologie de l'image qui s'est dégagée alors, et précisée par la suite, réclament de nous attention et réflexion.
Ils la réclament d'autant plus que, parmi les parmi les erreurs commises à l'égard des images qui nous viennent du passé, la plus courante consiste à les recevoir comme oeuvres d'art. Or, comme l'a souligné Hans Belting, l'" ère de l'art " ouverte par la modernité a été précédée par une longue " ère de l'image ", dont nous avons peine à nous faire une idée juste, dès lors que " l'histoire de l'art a tout qualifié d'art sans autre forme de procès, afin d'en revendiquer le titre de propriété, nivelant ainsi les différences ".
A l'époque médiévale, il n'y avait pas d'oeuvres d'art à caractère religieux, il y avait des oeuvres sacrées réalisées avec art. Non seulement la pensée théologique se révèle indispensable pour appréhender correctement des oeuvres qui n'étaient pas proposées à l'admiration des esthètes, mais à la contemplation des fidèles ; elle s'avère également nécessaire pour comprendre de quelle manière la transition entre l'ère de l'image et l'ère de l'art a pu s'effectuer.
Le XVe siècle constitue à cet égard, en Occident, une période charnière, à laquelle nous accordons une attention particulière. Durant les premiers siècles du christianisme, l'apologétique se devait d'insister sur la divinité du Christ. Vint ensuite un temps où il n'y eut plus tant à convaincre les fidèles de la divinité du Christ, ni à la proclamer contre ceux qui la niaient, qu'à rappeler son humanité, qu'il s'était vraiment fait homme.
Ce souci nourrit un mouvement vers le naturalisme : plus le Christ, son entourage et le cadre dans lequel il apparaissait étaient présentés de manière naturaliste, plus l'Incarnation de Dieu en ce monde-ci révélait son caractère " surmerveilleux ". De ce point de vue, la valeur religieuse d'une peinture se trouva, sinon indexée, du moins liée à l'art dont le peintre avait fait preuve dans le rendu des personnages, des objets et de la nature.
Le passage de l'ère de l'image à l'ère de l'art ne s'est pas opéré par rupture, ni par évolution progressive, mais par la production d'oeuvres à double entente, qui pouvaient tout à la fois être reçues comme images sacrées et comme oeuvres d'art. L'histoire des liens entre sacré et image ne s'achève pas avec l'émancipation de l'art vis-à-vis des thèmes et prescriptions religieux. Car quand bien même la modernité serait " sortie de la religion ", sortie ne signifie pas indépendance - pas plus que celui qui rejette sa famille pour aller vivre sa vie aux antipodes n'en a fini avec l'influence de ses parents, dont témoigne son éloignement même.
S'imaginer définitivement quitte de la religion, ce n'est pas en être effectivement quitte, c'est plutôt s'interdire d'en mesurer l'héritage et se condamner à une forme de somnambulisme. Quoi qu'on en ait, le rapport à l'image demeure hanté par le sacré. A travers elle, une Présence se cherche. Cela vaut aussi bien pour les images photographiques ou cinématographiques, dans leur multiplication insensée : au fur et à mesure qu'elles se multiplient, la présence qu'elles tentent de capter s'évapore, et plus cette présence s'évapore, plus il faut multiplier les images pour essayer d'en capter malgré tout une bribe, en un emballement frénétique.
En regard de la photographie, une autre quête de la présence dans l'image, différente et concurrente, s'est poursuivie au sein de l'art moderne - qui a mené à la peinture non figurative. Les deux mouvements - l'inflation photographique, l'abstraction - se répondent : plus le nombre des images photographiques et cinématographiques devient démentiel, au point de saturer le regard, plus la peinture est conduite, pour donner matière à voir, à prendre le contrepied.
Dans ce livre, nous nous efforçons de suivre un fil. Le qui, partant de la façon dont les images ont été reçues et se sont épanouies au sein du christianisme, conduit au moment où la célébration du mystère de l'Incarnation a servi d'incubateur à l'ère de l'art, qui elle-même aboutit, après quelques siècles, à leur prolifération sans mesure, ou à l'abandon de la figuration. Le chemin n'est pas une marche aléatoire, il n'est pas non plus une ligne droite.
Les modes d'intelligibilité varient mais, ce qu'à épouser les plis du terrain le propos perd en unité, il espère le gagner en vérité.

Fiche technique

  • Date de parution : 10/09/2020
  • Editeur : Conférence
  • Collection : Choses humaines
  • ISBN : 979-10-97497-23-1
  • EAN : 9791097497231
  • Format : Grand Format
  • Présentation : Relié
  • Nb. de pages : 304 pages
  • Poids : 0.974 Kg
  • Dimensions : 17,0 cm × 23,3 cm × 3,2 cm

À propos de l'auteur

Biographie d'Olivier Rey

Olivier Rey est né en 1964 à Nantes. Après avoir étudié à l'Ecole polytechnique, il a été officier de marine, puis a obtenu un doctorat de mathématiques. Depuis 1989 il est chargé de recherche au CNRS, au sein duquel il est passé, en 2009, de la section mathématiques à la section philosophie. Il est membre de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques, et enseigne à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Ouvrages publiés Essais - Itinéraire de l'égarement. Du rôle de la science dans l'absurdité contemporaine, Paris, Le Seuil, 2003, 327 p. Trad. italienne : Itinerario dello smarrimento. E se la scienza fosse una grande impresa metafisica ? , trad. Flora Crescini, Milan, Ares, 2013, 320 p. - Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit, Paris, Le Seuil, 2006, 329 p. - Le Testament de Melville.
Penser le bien et le mal avec Billy Budd, Paris, Gallimard, coll. " Bibliothèque des idées ", 2011, 246 p. Trad. américaine : The Legacy of Herman Melville : Billy Budd, an Inside Questioning of Good and Evil, trad. Peter Rogers, à paraître. - Une question de taille, Paris, Stock, coll. " Les essais ", 2014, 272 p. Trad. italienne : Dismisura. La marcia infernale del progresso, trad. Giuseppe Giaccio, Naples, Controcorrente, 2016, 256 p.
- Quand le monde s'est fait nombre, Paris, Stock, coll. " Les essais ", 2016, 316 p. Trad. japonaise, Tokyo, Hara Shobo, à paraître. - Leurre et malheur du transhumanisme, Paris, Desclée de Brouwer, 2018, 200 p. Romans - Le Bleu du sang, Paris, Flammarion, 1994, 231 p. - Après la chute, Paris, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 2014, 302 p. ; rééd. Paris, Editions du Rocher, coll. " Motifs ", 2018, 330 p.
Prix Bristol des Lumières 2014, pour Une question de taille. Grand Prix de la Fondation Prince Louis de Polignac 2015. Prix Jacques Ellul 2019, pour Leurre et malheur du transhumanisme.
Olivier Rey - Gloire et misère de l'image après Jésus-Christ.
Gloire et misère de l'image après Jésus-Christ 1e...
25,00 €