Pourquoi le nombre d'entrées enregistrées dans le métro de Buenos Aires est-il inférieur au nombre des sorties ? Peut-on devenir complices sans jamais se voir ? Comment communiquer avec les morts ? Maître du fantastique, Julio Cortázar bouscule l'ordre établi du temps et de l'espace. Entre angoisse et exquise ambiguïté, réel et imaginaire, il nous offre dix nouvelles qui plongent dans les replis de l'être.
Passé maître dans l'art du fantastique, Julio Cortázar bouscule, cette fois encore, l'ordre établi du temps et de l'espace. C'est ainsi que dans Coupures de presse une femme participe à une scène de violence dont elle trouvera le récit dans le journal du lendemain et qui s'est déroulée à quelque mille kilomètres de là. Les statistiques du métro de Buenos Aires montrent que le nombre d'entrées enregistrées au cours d'une journée ne correspond pas à celui des sorties : voici le narrateur de Texte sur un carnet amené à risquer sa vie pour découvrir une organisation qui étend peu à peu son pouvoir souterrain. Ailleurs, c'est l'impossible dialogue du couple que l'écrivain aborde d'une façon inattendue. Dans Orientation des chats, l'homme regarde sa femme perdue dans la contemplation d'un tableau comme si elle faisait l'amour avec l'image. Le climat d'angoisse qui sous-tend chaque page reflète évidemment celui de certains pays d'Amérique latine et notamment de l'Argentine, dont l'auteur est originaire. Parfois le problème des "disparus" , enlevés au coin d'une rue, est évoqué de façon plus directe. C'est le cas dans Graffiti, où les citoyens terrorisés n'osent plus communiquer qu'au moyen de dessins qu'ils tracent la nuit sur les murs. Chacune des dix nouvelles qui composent ce recueil est comme une plongée vers les replis de l'être, vers cette zone de pénombre où les faux-fuyants et les prétextes n'ont plus cours, où l'on reste seul face à sa vérité. On ne saurait revenir indemne d'un tel voyage.