Odysséas Elytis est né en 1911 à Héraklion en Crète. Dès l'enfance il pratique le français et l'allemand, et dès ses années de lycée s'éprend de la poésie de Paul Eluard et du surréalisme. Ses premiers poèmes paraissent en revue en 1935. En 1940, les troupes de Mussolini envahissent la Grèce. Elytis part au front en tant qu'officier. Blessé, il échappe de très peu à la mort. En 1948, il quitte la Grèce dévastée par la guerre civile et s'installe à Paris.
Où il se lie avec Picasso, Léger, Matisse, Giacometti et Chagall, et devient l'ami de René Char et de Camus. Sa quête de poésie prend place désormais parmi les recherches que mène en Europe l'avant-garde de son temps. De retour en Grèce en 1951, et devenu un personnage de premier plan dans la vie intellectuelle du pays, il publie ses poèmes les plus achevés, en particulier le célèbre "Axion Esti" (" Il est digne [de te célébrer] ", début d'un hymne liturgique), publié en 1960.
Cette période consacre sa renommée internationale, couronnée par le prix Nobel de littérature en 1979. Par ses attaches avec les artistes et écrivains les plus innovants de son époque, l'oeuvre d'Elytis est d'inspiration et d'envergure européennes. En même temps il est le chantre par excellence de la " grécité " : lié par un attachement presque métaphysique aux sensations nées du contact avec la lumière, avec la nature de son pays ; et guidé par l'intuition d'une unité profonde, à travers les millénaires, de la culture grecque, synthèse et symbiose de la Grèce antique, de Byzance, des traditions orales, et de l'hellénisme moderne.
Yannis Tsarouchis, né au Pirée en 1910, fut aux Beaux-Arts d'Athènes l'élève de Fotis Kontoglou, le peintre qui sut renouer le lien entre l'art de son temps et celui de Byzance. Tsarouchis à son tour travailla à conjuguer au sein de son oeuvre la tradition byzantine, l'art populaire, l'art occidental " classique " et l'art contemporain, en une fusion qui fait de lui un des meilleurs représentants du renouveau artistique grec des années 30 et des décennies suivantes.
Proche des milieux artistiques parisiens, en relation avec Matisse et Giacometti, il s'installa à Paris en 1967, à l'époque où les Colonels établirent une dictature totalement incompatible avec la liberté et la hardiesse de sa production. Mais il ne cessa pas de se rendre à Athènes pour y travailler, en particulier pour le théâtre, en tant que concepteur de décors et de costumes désormais de renommée internationale.
En 1980 le Grand Palais consacra à son oeuvre une grande exposition. Il mourut à Athènes, dans sa maison-musée, en 1989. Son oeuvre est éminemment en harmonie avec la vision d'Elytis, qui conçoit la civilisation grecque comme une continuité multimillénaire ininterrompue.