Depuis ses débuts, Killoffer fait voler en éclats le cadre étroit de la bande dessinée. Membre fondateur de L'Association et de l'Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle, il s'affirme en quête d'un trait toujours différent et toujours identifiable. Le dessin devient entre ses mains une écriture personnelle et originale, qui rend souvent superflu l'ajout d'un texte à ses images. Passant de la presse à l'édition pour la jeunesse, de la publicité à l'enseignement, ce graphiste hors-pair, quand il ne réalise pas des chars et des costumes de carnaval, expose aussi ses oeuvres sur papier dans des galeries d'art.
Mais son univers demeure cohérent, et rassemble gravité et légèreté, rêve et cauchemar, poésie et humour noir. Jean-Louis Capron a effacé lui-même toute trace de ses origines. Là où passe ce dialoguiste et scénariste protéiforme, les bons sentiments ne repoussent pas. Initiant les enfants au mauvais esprit par l'intermédiaire des dessins animés qu'il écrit, il réserve le meilleur de sa sève à la bande dessinée.
C'est ainsi qu'on le voit dynamiter le western en compagnie de Blutch dans Rancho Bravo, et faire dans La Loi de la Forêt, avec la complicité de Hugues Micol, une relecture perverse et post-moderne du Roman de Renart. En solitaire, il commence et finit rarement des récits étranges qui donnent leur chance aux enfants méchants, aux dictateurs ratés et aux mal-aimés en général. Killoffer et Capron partagent le même goût pour la distorsion, l'ironie et les matières incertaines ; ils étaient fait pour se rencontrer.
Espérons que le futur les amènera à unir à nouveau leurs talents pour produire un joyau aussi spectaculaire et bizarre que ce Viva Patamach ! intemporel.