Biographie d'Edith Stein
Née d'une famille juive de Breslau en 1889, puis disciple de Husserl, enfin carmélite disparue à Auschwitz en 1942 peu de personnalités, peu d'oeuvres au vingtième siècle ont réuni dans une synthèse aussi originale les courants intellectuels et spirituels qui ont façonné l'intelligence de la foi en Occident. En théologie, Edith Stein a cherché à dépasser les oppositions entre l'école augustinienne et l'école thomiste. Elle effectue ce dépassement en utilisant la phénoménologie la fois comme science rigoureuse, ce qui la rapproche du réalisme thomiste, et comme philosophie de la subjectivité inaugurée par l'augustinisme. En philosophie, sa réflexion est marquée par le souci de faire dialoguer la philosophie moderne allemande et la philosophie médiévale. C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre en quoi la philosophie d'Edith Stein est une réponse à Martin Heidegger.
En spiritualité, ses réflexions sur les fondements philosophiques de la psychologie et sur les fondements spirituels d'une philosophie de la personne humaine (individuelle et collective), ainsi que sur les conditions philosophiques d'une pédagogie d'inspiration chrétienne, forment le noyau de son oeuvre. L'apport de la psychologie est intégré, mais il est mesuré aux réalités de la vie de l'Esprit. Edith Stein est très tôt sensible à un engagement de la femme dans la société. Mais elle est cependant soucieuse de mettre la femme en garde contre ce qui menace la nature féminine aussi bien en elle-même que dans ses rapports avec une société où le droit au plaisir est devenu souvent la seule raison de vivre. En religion, la redécouverte progressive des valeurs du judaïsme, induite par sa rencontre du Christ, contient des éléments prophétiques anticipant Vatican II et pose des jalons pour le dialogue judéo-chrétien.