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Célébré par Ronsard et Du Bellay comme le premier poète pastoral au sein de la Pléiade, Baïf a tardé à publier ses dix-neuf Eglogues. Enfin dédié au roi Charles IX, protecteur de l'Académie de Poésie et de Musique, au lendemain de la Saint-Barthélemy (1572), ce recueil méconnu compte parmi les oeuvres les plus personnelles de Baïf, celles où se révèlent le mieux ses blessures intimes et ses goûts poétiques. Quand résonne la "chalemie" du berger Toinet, et quand bien même elle entonne un air ancien, c'est la voix de Baïf que nous entendons. C'est son goût prononcé pour la poésie grecque et, ses mythes immortels (celui de Pan notamment, dont il fait l'emblème de sa propre inspiration) ; c'est sa vision tantôt pessimiste, tantôt rieuse et joyeuse de l'amour ; ce sont encore ses frustrations, ses ressentiments ; c'est surtout sa passion du chant accompagné d'instruments que l'églogue lui permet d'exprimer en toute liberté, par l'intermédiaire de la fiction (ou, si l'on préfère, de l'autofiction) pastorale. Si j'étais, si nous étions des bergers musiciens...