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Une certaine image folklorique et touristique présente les Antillaises comme des femmes heureuses de vivre, aimablement insouciantes et douées d'inépuisables trésors de gentillesse. Il est temps de dire que la réalité est différente. Les Antillaises font partie de populations qui continuent, de nos jours, à subir le joug colonial. A l'intérieur de ces populations, elles sont, de surcroît, en proie à des formes particulièrement pénibles de la servitude féminine. En tant que Guadeloupéenne, Claudie Beauvue-Fougeyrollas vit de l'intérieur cette situation. Les Antillaises d'aujourd'hui sont soumises à différentes formes d'exploitation qui font partie de la condition générale des femmes. Paysannes ou ouvrières, elles accomplissent la double journée de travail : celle du travail aux champs ou à l'usine, et celle du travail domestique. Simples ménagères, elles accomplissent les tâches d'un petit élevage et d'une petite culture dans le cadre d'une production vivrière familiale ; ce qui ne les dispense pas des activités proprement ménagères... Mais en Guadeloupe et en Martinique, ces traits généraux de la condition féminine sont marqués par la situation particulière des Antilles. En observant les Antillaises, Cl. Beauvue montre que l'image qu'elles avaient d'elles-mêmes, comme travailleuses, comme colonisées et comme femmes, est en train de changer à partir de conditions d'existence nouvelles. Ce changement s'inscrit dans un triple mouvement de libération qui annonce l'avenir pour les Antillaises et pour les Antilles elles-mêmes.