La péninsule Ibérique et le monde (années 1470-années 1640) (Broché)

Cet ouvrage met en évidence l’importance des avancées historiographiques concernant la colonisation et les relations entre l’ancien et le nouveau monde, analysées à des échelles très diverses, allant de l’étude de cas à l’histoire globale, en prenant en compte «l’appel de l’Est» aussi bien que «le virage vers l’Ouest». Pour aller à l’encontre des idées reçues, le processus de la conquista est abordé dans sa dimension dynamique, en tenant compte de l’évolution du vocabulaire qui contribue à éclairer les étapes du phénomène.
Une attention particulière est portée au développement d’une aristocratie guerrière, aux parcours des conquistadore – bientôt qualifiés de découvreurs – et aux colons. Cette conquête étant placée sous l’égide du religieux, le rôle de la papauté comme instance médiatrice entre les puissances européennes et le monde extra-européen est réévalué dans une relation triangulaire qui passe par l’octroi d’une légitimité, par des interventions pontificales sur les questions missionnaires et par la mise en place d’un catholicisme tridentin extra-européen, où s’affirme le rôle de Rome comme centre d’une chrétienté occidentale aux dimensions du monde.
Les résultats de la mission d’évangélisation s’inscrivent dans l’implantation des paroisses indigènes et des fondations de couvents dans les Andes où les questions de la langue et de l’orthodoxie se posent : comment être chrétien et andin au XVIIe siècle, alors que la réforme catholique se traduit par l’uniformisation des pratiques qui renvoie le passé à l’idolâtrie et condamne les rituels indigènes ? Les historiens modernistes démontrent qu’il est possible de croiser les approches globales et les évolutions locales en s’interrogeant sur la «conscience-monde».
Sous l’influence de la mondialisation, leur nouvelle façon d’écrire l’histoire prend en compte l’évolution complexe des relations entre Indiens et Espagnols. Longtemps réduits à un face à face entre colons et Indiens, les mouvements de désobéissance et les rebellions coloniales sont revisités pour montrer comment des alliances indiennes épaulèrent souvent des conflits entre Espagnols et comment la judiciarisation du politique permit de mettre au pas les Indes de Castille.
Au-delà de l’intérêt chrétien et national mis en avant, la recherche de l’or suscite des critiques, y compris chez certains conquérants. La «vision des vaincus» dévoile quant à elle l’envers de la conquête et soulève la question de l’esclavagisme. Les bouleversements engendrés par le développement de la première traite atlantique, qui met en rapport les Africains et la péninsule Ibérique (traite de l’Angola vers l’Amérique espagnole), s’observent à Barcelone et Lisbonne, passages obligés au coeur du trafic et lieux de métissage où entrent en ligne de compte la couleur et la pureté de sang.