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Alors que les discours anti-européens se multiplient, la question d'une dislocation de l'Union est désormais posée. Et les déclarations d'europhilie n'y changeront rien si les actes ne suivent pas les paroles. Car, si l'UE actuelle est une confédération lâche et sans capacité d'action, c'est principalement parce que, durant un demi-siècle, les gouvernements français n'ont eu de cesse de bloquer une intégration politique réelle afin de conserver une illusoire souveraineté en matière de politique étrangère, mais aussi sur le plan budgétaire et social. Pour justifier ce comportement ambigu, intellectuels et politiciens ont brandi l'épouvantail d'une Europe réduite à l'état de "grande Suisse". Mais, tout bien considéré, l'histoire de la confédération helvétique au XIXe siècle évoque par maints aspects le défi européen : ligue médiévale marginalisée au moment où se constituent les puissances européennes, elle a dû, pour survivre, se transformer en Etat-nation multiculturel. Au moment où la lutte pour l'hégémonie mondiale est engagée entre les grandes puissances - Etats-Unis, Russie, Chine, Inde -, il devient nécessaire d'accomplir le grand saut fédéral et de se constituer en Etat-nation européen. Il est plus que temps pour la France de sortir de l'hypocrisie - s'il n'est pas déjà trop tard.