Biographie de Al-Busayri
Abû ‘Abd Allâh Sharaf al-Dîn Muhammad b. Sa‘îd b. Hamâd
al-Sanhâjî al-Busayrî (ou Bûsîrî), descendant comme son nom
l’indique de la grande tribu maghrébine des Sanhâja, naquit
dans le village de Dilâs en Haute-Egypte en l’an 608 de
l’hégire (1211). On connaît peu de choses de l’enfance d’al-
Busayrî si ce n’est qu’à l’instar des enfants de sa génération, il
a reçu l’éducation traditionnelle de son époque: mémorisation
du Saint Coran, étude de la Tradition prophétique, de la langue
et de la grammaire arabes.
On sait qu’il quitte son village natal
pour se rendre au Caire où il poursuivra ses études auprès de
prestigieux savants et se familiarisera avec l’histoire, la
biographie du Prophète, la littérature et les sciences
religieuses. On connaît aussi son penchant pour la poésie et
son aisance naturelle à composer des vers, qualités acquises
très tôt et qui lui vaudront d’être admis dans la cour des
princes friands d’éloges et de prose, et craints par ses
adversaires contre qui sa plume pouvait être acerbe.
Outre la
poésie, al-Busayrî avait aussi un don particulier pour la
calligraphie qui lui permettra d’exercer les métiers de scribe,
copiste, calligraphe et même de décorateur de monuments
funéraires. Il aurait aussi occupé la charge d’inspecteur de
marché, fonction qu’il quittera par suite de différents et de
rivalité. Après avoir exercé ces différents métiers aussi bien au
Caire qu’en Haute-Egypte et composé un certain nombre de
poèmes, certains élogieux et d’autres critiques, al-Busayrî est
cueilli par les feux de l’amour du Prophète.
Il est alors envahi
d’un désir ardent pour le Prophète Muhammad, une passion
irréfrénable qui embrase alors tout son être et le mène à
renoncer à toute prose profane. Désormais, l’imam des poètes
dédiera son talent inné au Prophète, et composera de
prodigieux hymnes que d’aucuns considèreront sacrés. C’est
le cas notamment de la célèbre Burda, dont l’histoire de la
rédaction est entouré de miraculeux.
Jusqu’à nos jours, cette
qasîda, qui a traversé les siècles et les continents, continue
d’être déclamée à travers le monde. Tous les peuples de
l’Islam la connaissent et son prestige est tel qu’un grand
nombre de savants et non des moindres l’ont commentée.
Après avoir consacré le restant de ses jours à chanter et à louer
les vertus du Prophète dans ses Hamziyya, Mudriyya,
Khamriyya, Dhakhr al-Ma‘âd, Lâmiyya etc., l’Imâm des
poètes s’éteindra à l’âge de quatre-vingt sept ans, en l’an 695
de l’hégire (1295), à Alexandrie où son corps repose près de
celui d’Abû al-‘Abbâs al-Mursî (m.
686), cet illustre
personnage de la Tradition islamique qui a avoué à la fin de
ses jours : "Cela fait quarante ans qu’aucun voile n’est venu
m’empêcher, même le temps d’un clin d’oeil, de me souvenir
de l’Envoyé de Dieu. Si j’eus été voilé un seul instant, je ne
me serais alors plus compté du nombre des Musulmans."