Née par les armes voilà soixante ans, la Birmanie est aujourd'hui le plus ancien régime militaire du monde. Résultat : des forces armées omniprésentes asphyxient la vie politique, laissent trente millions de Birmans avec moins d'un euro par jour pour vivre et une dizaine d'ethnies en guerre civile plus ou moins continue. Grenier à riz de l'Asie et l'un des pays les plus alphabétisés du monde en 1948, la Birmanie marche au pas de l'oie vers le non-développement. Et les vicissitudes infligées à Aung San Suu Kyi, prix Nobel iconifiée qui incarne la seule opposition démocratique, laissent augurer un long purgatoire. Sauf que la réalité, mesurée sur le terrain et étayée par les sources inédites rassemblées par Renaud Egreteau, se révèle beaucoup plus compliquée. La Birmanie ploie sous le poids d'un " passé qui ne passe pas " : l'influence japonaise des années 1930 et la colonisation britannique ; elle est hantée par la menace des deux Géants qui la bordent, la Chine et l'Inde, et par " l'invasion " redoutée des ONG, des Occidentaux et du capitalisme libéral. Sans complaisance ni concession, Renaud Egreteau déconstruit le paradoxe d'un pays qui tient ensemble sous la poigne des prétoriens : et si la démocratie et le développement comptaient moins que l'entre-soi ?
Le passage du cyclone Nargis ou le renforcement de la junte
L'ETAT BIRMAN, C'EST L'ARMEE..
Naissance et corporatisation des forces armées birmanes
La dictature ne winienne, une autarcie socialiste et xénophobe (1962-1988)
Du prétorianisme birman : la junte après 1988
LE MORCELLEMENT DES OPPOSITIONS
La "question ethnique"
Quelle opposition civile "birmane"?
La mise au pas du Sangha, communauté bouddhiste divisée
GEOPOLITIQUE BIRMANE : LE POIDS DU CONTEXTE REGIONAL
L'interêt stratégique de la Birmanie, un mythe ?.Appétits et frustration des puissances voisines : un grand jeu sino-indien ? De l'anémie de la communauté internationale en Birmanie