Dans les couloirs du labyrinthe

Thématiquement très dense et tout à fait actuel, Dans les couloirs du labyrinthe véhicule une pensée au premier regard porteuse de schisme et de sécession : une pensée qui ne sépare en réalité que ce qui cache en soi une fêlure originelle. Dans ce roman où s'entrelacent et fusionnent les problèmes liés aux traditions et à la modernité africaines, Emmanuel Matateyou fait le plaidoyer de l'Afrique notamment sur le plan spirituel avec la figure de Moïse.
Dépouillé de froide description ou sentimentale rêverie, le style-action chez cet écrivain correspond à une édification subvertie de sa vision du monde. Cette écriture non conformiste se déploie selon les rythmes et les voix/voies d'unités souterraines qu'elle exhume et rassemble. Le labyrinthe dont il s'agit est ouvert à la modernité, mais a tendance à se refermer sur lui-même, c'est-à-dire sur ses traditions séculaires.
Cohabitent en dépit de leurs contradictions dans cet univers complexe, le passé et le présent, le chrétien et le musulman, le bien et le mal, la rationalité et son contraire, l'homme et la femme, le pouvoir et l'opposition, générosités et atrocités. Et c'est dans cet engrenage du tragique marqué par la lutte à mort des valeurs et des réalités contradictoires que le fils de la princesse Ntuntuere est inexorablement pris.
Comme s'il souffoait du complexe de Jonas, Mbouombuo fuit désespérément son destin. Comme Œdipe aussi il est fils de roi, brave, adroit et intelligent.