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Comment une nation peut-elle symboliser des émotions communes, des souffrances partagées? Comment peut-elle représenter le deuil commun des morts afin que les événements dramatiques de la guerre puissent se transmettre d'une génération à l'autre ? Après 1944, en France, on a choisi de construire de nombreux monuments et lieux de mémoire, dont la diversité et la complexité sont frappantes. Mechtild Gilzmer revient dans cet ouvrage sur les différentes étapes qui ont accompagné l'édification des monuments commémoratifs après la Seconde Guerre mondiale. Quels sont les conflits d'intérêts qui se sont exprimés à cette occasion? Quels étaient les morts "dignes de mémoire" (soldats, résistants, victimes françaises, résistants étrangers, Juifs) ? Quelles formes donner à ces monuments, vecteurs de souvenir et de mémoire? S'intéressant d'abord aux souhaits des familles de rendre hommage à leurs proches ou à la volonté politique de valoriser la Résistance, Mechtild Gilzmer analyse les différentes raisons d'ordre esthétique ou politique qui ont conduit à l'acceptation ou au refus de tel ou tel mémorial. L'ouvrage montre aussi comment l'objectif du travail de mémoire a évolué au fil des années. Si, en 1944, cultiver la mémoire de ceux qui étaient "morts pour la France" et souder la nation autour de ce deuil commun prédominaient, il s'agit désormais d'encourager l'action de la société civile, de faire prendre conscience de la valeur des droits de l'homme et de la nécessité de les défendre. Une quarantaine de photographies et une analyse iconographique permettent de saisir l'évolution de ces lieux de mémoire.