Le but de ce numéro n'est pas de proposer un énième panorama du roman nord-américain, mais d'enquêter sur son extraordinaire vitalité.
Le regard critique spécialisé (celui de nos " américanistes ") tend naturellement à privilégier les singularités et à voir la littérature américaine d'aujourd'hui comme une galerie de brillantes individualités. Quitte à se faire rabrouer par les tenants d'une approche plus sociologique, pour qui la présence massive sur le marché français de romans " traduits de l'anglais (USA) " est le reflet d'autres dominations. Nous ne pensons pas que le roman nord-américain contemporain sorte tout armé de la cuisse du Jupiter washingtonnien, ni que la puissance romanesque soit une continuation de l'hyperpuissance par d'autres moyens. Aussi avons-nous souhaité, par-delà nos propres admirations et engouements, explorer une autre hypothèse : aux Etats-Unis, le roman n'est pas un genre isolé ; le romancier, la romancière n'est pas seul(e) ; son travail " communique " directement avec d'autres sphères de la création et de la production fictionnelle : écriture de scénario, dialoguisme des " sitcoms ", écoles d'écriture souvent liées aux meilleures universités, etc. " American Fiction " désigne ici ce bain dans lequel le roman, aux Etats-Unis, est naturellement plongé - sa potion magique ?